Wouter Coucke : « Il faut faire preuve de beaucoup de prudence quand vous vous trouvez face à un monument protégé. Lorsque le projet a débuté, nous avons commencé par chercher où résidait exactement cette valeur patrimoniale. En accord avec les services de la Ville concernés, nous avons remis le site dans son état d'origine, datant de 1907. Les ajouts ultérieurs ont été démolis. Nous avons préservé le maximum des bâtiments principaux, et pas toujours uniquement les façades protégées. Les ajouts que nous avons apportés restent « lisibles » dans l'architecture. C'est ainsi qu'est né un bel équilibre entre l'architecture et la fonction originales et la nouvelle affectation. Le Maître d'œuvre flamand Erik Wieërs, qui vient tout juste d'être désigné à ce poste, était également à la base de ce principe. »
Le remplacement des vitraux qui se trouvaient dans la chapelle centrale en sont un bel exemple. Afin de pouvoir héberger le restaurant The Jane dans le bâtiment, Wouter Coucke et les architectes ont consulté le service du patrimoine immobilier de la Ville d'Anvers. « Alors que nous nous attendions à ne pas pouvoir toucher aux vitraux, il est apparu que c'étaient surtout les croisillons qui étaient caractéristiques. Nous les avons donc évidemment conservés, mais le verre a été remplacé par une création de Studio Job, avec des motifs colorés visuellement attrayants. Les nouveaux vitraux isolent aussi bien mieux que ceux d'origine. Un plus en matière d'efficacité énergétique. »
La toute dernière partie de 't Groen Kwartier vient d'être vendue : le Poortgebouw, un magnifique monument protégé de style Biedermeier. Il a lui aussi été réaffecté, ce qui met pleinement en valeur le bâtiment.
Des idées progressives
Wouter Coucke se rappelle encore très bien le quartier tel qu'il était en 2006. « Lorsque je me suis rendu sur place pour la première fois, les mauvaises herbes poussaient même à l'intérieur des bâtiments. Certaines parties étaient sacrément délabrées. Tout ce qui avait encore une certaine valeur avait été enlevé dix ans auparavant, sans accorder beaucoup d'attention à la valeur des bâtiments. »
Matexi et ses partenaires ont établi un processus de consultation avec les différents services de la Ville impliqués. « Regrouper les avis de toutes les personnes concernées en une seule vision de développement claire pour le site n'a pas été une tâche évidente », se souvient M. Coucke. Même le quartier était impliqué dans le développement : nous avons mis sur pied, entre autres, un trajet de participation pour savoir comment les habitants voulaient que le domaine public soit aménagé.
« Dans un projet de cette envergure, il est aussi normal de parfois changer d'avis. Il est difficile de s'en tenir à un même plan pendant dix ans. Nous avions un projet global, mais nous en complétions les détails zone par zone. Lorsqu'on passait à une nouvelle zone, nos architectes portaient parfois un regard critique sur leurs propres idées datant d'il y a quelques années, de sorte que le tout restait conforme aux idées les plus récentes. »