Quartiers du monde

La Confluence, Lyon, France

18 juillet 2024

Matexi apprend en observant. Dans sa recherche permanente de bonnes solutions pour le développement de quartiers, Matexi s'inspire de quartiers historiques et contemporains et de projets de développement urbain qui ont fait leurs preuves.

Le proverbe latin « Nomen est omen », ou littéralement « Le nom est un présage », s'applique tout particulièrement à La Confluence, à Lyon. Cette presqu'île urbaine est l'endroit où se rejoignent non seulement deux des principaux fleuves de France, mais également une multitude d'individus, de fonctions et de commodités. Le nom « La Confluence » n'a pas été choisi au hasard. Plus de vingt ans après le début du projet de reconversion de grande envergure, l'ancienne zone industrielle, portuaire et de marché de gros s'est transformée en un quartier urbain durable et animé. Grâce à l'architecture avant-gardiste, aux espaces publics attrayants, à une offre de logements des plus variées et à de nombreuses infrastructures sociales, La Confluence atteste d'une vision contemporaine de l'habitat, du travail et de la vie en milieu urbain.

La Confluence est un quartier de Lyon des plus singuliers et ce n'est pas peu dire. D'une superficie de 150 hectares, ce quartier situé au sud de la Presqu'île est enclavé entre eau, chemins de fer et autoroute. Une situation qui, bien qu'en plein coeur de Lyon, explique son isolement relatif par rapport au reste de la ville. Une situation de prime abord préjudiciable qui a toutefois su être transformée en un atout de taille au cours des deux dernières décennies. Après le déclin des activités (portuaires) industrielles locales, le moment était venu d'enfin exploiter l'immense potentiel urbanistique de cette zone désavantagée. Lyon Confluence, une entreprise publique locale qui a été fondée en 1999 par la Métropole de Lyon, a donc pris les choses en main et a créé un nouveau quartier urbain où il fait bon vivre, se promener, faire du shopping, se détendre et passer du temps.

CONSCIENTISATION ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE

Le coup d'envoi de cet ambitieux projet de reconversion a officiellement été donné en 2003. Dès le début, l'accent fut sérieusement mis sur la durabilité et l'efficacité énergétique. Tous les nouveaux bâtiments misent autant que possible sur les énergies renouvelables, le chauffage au niveau du quartier, la récupération de l'eau, la résilience face au changement climatique et la (ré)utilisation de matériaux renouvelables, existants ou recyclés. Ils obtiennent de ce fait souvent de meilleurs résultats que ceux imposés par les normes françaises. Le premier îlot à énergie positive d'Europe a vu le jour en 2015 : Hikari. Il accorde également une grande attention au confort et au bien-être des habitants et des usagers, et ce, même au niveau du quartier. La répartition de la construction a été pensée avec le plus grand soin de manière à garantir une luminosité naturelle suffisante dans chaque logement.

La Confluence peut aussi tout à fait être prise comme exemple sur le plan social et fonctionnel. Une grande importance a été donnée à la diversité et la plupart des nouveaux bâtiments revêtent un usage mixte. Outre les 600 habitations ayant fait l'objet d'une rénovation énergétique et les 5 000 logements neufs de toutes les formes, toutes les tailles et tous les prix, destinés tant aux jeunes qu'aux moins jeunes – 50 % d'unités en accession libre, 25 % de logements sociaux et 25 % d'unités destinées à la vente et à la location abordables –, ce quartier vibrant accueille des commerces, des immeubles de bureaux, des institutions culturelles, des établissements horeca, des infrastructures sportives et de loisirs, etc. Autant d'éléments qui ont entraîné une forte revitalisation économique et une composition diversifiée de la population. Le quartier compte à l'heure actuelle 16 000 habitants, 8 400 étudiants, 1 650 entreprises, cinq écoles et 120 cafés et restaurants.

PROUESSES ARCHITECTURALES ET URBANISTIQUES

Autre fil rouge de la reconversion intra-urbaine à grande échelle de La Confluence : la réalisation d'une architecture moderne aux allures internationales, qui met en valeur la configuration urbanistique claire – le cours Charlemagne faisant office d'épine dorsale. L'emblématique musée des Confluences, situé à l'extrême sud de la presqu'île, en est l'un des éléments phares. Le siège d'Euronews, un bâtiment vert vif tout aussi remarquable, est quant à lui un clin d'oeil manifeste au Pavillon des Salins de couleur orange vif, situé à 500 mètres de là. Le vaste pôle de commerces et de loisirs Confluence – un complexe de pointe comprenant une centaine de magasins et restaurants, un food court, un hôtel, un cinéma, une salle d'escalade, une salle de sport, etc. – ne passe pas non plus inaperçu. Et c'est sans parler des superbes constructions que sont Le Monolithe, Pavillon 52, Ycone et les bâtiments ABC. Il n'est toutefois pas question que de constructions neuves. Ainsi, la Sucrière, une ancienne sucrerie datant de 1925, abrite aujourd'hui des espaces modulables pour des événements en tout genre et un rooftop convivial offrant une vue panoramique. Les prisons Saint-Paul et Saint-Joseph, quant à elles, font à l'heure actuelle office de campus universitaire, incluant une partie logements, des bureaux et des magasins. Ces impressionnants projets de reconversion illustrent à merveille l'essence même de l'urbanisme de qualité : concilier dans le plus grand respect fonctions et accents modernes et patrimoine existant.

La Confluence a cependant bien plus à offrir que des bâtiments. Les nouveaux parcs et les espaces publics des plus plaisants tels que la place Nautique définissent l'identité urbaine du quartier. En plein coeur de l'agitation de la ville, ils offrent une véritable bouffée d'air aux habitants et aux visiteurs. L'immense parc de Saône, qui couvrira à terme une surface totale de 14 hectares, peut en toute légitimité être qualifié de « poumon vert » de la presqu'île. Les quais attenants sont progressivement transformés en une large promenade destinée aux piétons et aux cyclistes, tandis que la souveraine voiture est reléguée aux parkings souterrains. Une démarche qui s'inscrit parfaitement dans le concept de « ville du quart d'heure », où les espaces au bord de l'eau constituent un élément urbain essentiel. Des chemins stratégiques, des ponts reliant les quartiers voisins et divers modes de transport en commun – métro, tram, bus, vélos de location et même un bateau-bus un peu comme à Venise, le Vaporetto – permettent à tout un chacun de se déplacer rapidement et efficacement. Ajoutez à cela l'accent mis sur la qualité architecturale, urbanistique, paysagère et écologique et vous aurez un parfait exemple de développement urbain durable pensé pour l'avenir.

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